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l'actualités au Sénégal

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“À Keur Massar, Sonko s’est présenté face à son peuple pour aller en guerre et pour reconquérir sa dignité perdue”, Moussa Diop

Durant un méga meeting, dimanche 22 janvier, Ousmane Sonko a ouvertement déclaré la “guerre” à l’État du Sénégal. Pour le docteur Moussa Diop, expert en communication politique, l’allocution du maire de Ziguinchor est une grande prouesse. Décryptage.

Ousmane Sonko, en treillis. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Son port vestimentaire, en treillis militaire, dénote l’esprit d’un combat à venir. Sonko est habillé pour partir  en guerre. Il ne livre pas une guerre contre le Sénégal (il porte les couleurs du Sénégal, rend hommage aux forces de l’ordre, aux morts et victimes d’un ordre politique injuste et illégitime). Ses armes ? car un soldat ne va pas en guerre sans arme. Ses armes, c’est d’abord sa propre vie, au prix de la libération du Sénégal, sa seconde arme c’est le peuple: qu’il dresse en bouclier.

Quelle analyse faites-vous du fond du discours ?

Tout d’abord, il faut rappeler que l’espace public sénégalais est clivé, marqué par l’existence de deux fronts alimentés par deux bords politiques connus. Du côté du pouvoir comme de l’opposition, tout porte à croire que les intérêts du moment, la boulimie du pouvoir auraient pris le pas sur les intérêts du pays ainsi que notre commune volonté de vie commune. L’affaire Sonko-Adji Sarr a été politisée depuis le départ. Mais est-ce un règlement politique? Dans tous les cas, si elle n’est pas tirée au clair dans les règles de l’art, c’est un discrédit complet de tout notre système judiciaire ainsi que d’une frange importante des acteurs de la sécurité intérieure et nationale. Macky2024 est une boule puante qui jette le discrédit sur les progrès de notre si frêle démocratie. Le discours de Sonko ce dimanche à Keur Massar est une grande prouesse communicationnelle beaucoup plus forte que les quelques signes de Yérim Seck. En réalité, on a vu de Sonko, un homme qui se présente face à son peuple, pour aller en guerre pour reconquérir sa dignité perdue. Et sa prouesse réside dans le fait d’associer “la reconquête de sa dignité” à la réinstauration d’un ordre juste au Sénégal ( justice pour Mariama Sarr, les 14 morts, les détenus dits politiques), avec une justice libre et indépendante ( en dehors du joug des politiciens du pouvoir) définitivement sur la rampe de la démocratie et du progrès ( pas de 3ème mandat pour Macky). Sonko est habillé en treillis, en tenue de guerre avec un discours de guerre et met sa vie sur la balance: un soldat qui part au front.

“Ousmane Sonko, traité çà et là d’extrémiste, de sanguinaire, de “nittu fitna” lance là sa “Solution finale” face à des juges, magistrats, procureurs, forces de l’ordre sous influence”

Il entérine l’existence de deux figures d’une opposition frontale, radicale dont l’affrontement sera sans pitié: Ousmane Sonko et Macky Sall. Ousmane Sonko traité çà et là d’extrémiste, de sanguinaire, de “nittu fitna” lance là sa “Solution finale” face à des juges, magistrats procureurs, forces de l’ordre sous influence, dit-il, du “régime de Macky Sall”. Il leur dit que leur seule solution pour l’effacer de l’espace politique c’est de le tuer, d’où le fameux testament et le “est-ce que paré ngeen”, lancé aux militants et entonnés par ceux-ci.

Communicationnellement parlant, c’est un discours de haute facture qui poursuit 3 objectifs: Lancer la rentrée politique d’Ousmane Sonko (et non du Pastef), enlever de l’agenda médiatique le livre de Cheikh Yérim Seck, démontrer à tous ceux qui en doutent encore qu’Ousmane Sonko est un Homme-peuple. Un homme qui incarne les aspirations du peuple d’où il tire sa force principale.

Est-ce qu’un tel discours ne pourrait pas pousser l’État à davantage se radicaliser ?

Avec un tel discours, l’État est pris en étau: le “weurr ndomb” qui était fait à Sonko s’est inversé (au moins psychologiquement). Ce discours encore une fois, c’est une démonstration de force qui vise à dire à l’État: ” m’attaquer c’est avoir le peuple contre vous, me tuer c’est tuer le peuple”. Or quel État de droit prendrait les armes contre son peuple? Sonko cogne dur pour ouvrir une brèche pour la médiation car il sait ce que ce procès et son lot déballage feraient à son ethos. L’État qui se radicaliserait? je ne sais pas. Mais un État qui travaillerait à la cohésion nationale serait salvateur. Car depuis des années, moi qui ai travaillé sur les conflits, le génocide rwandais et les questions identitaires, je peux dire que tous les facteurs sont réunis pour que le Sénégal bascule.