Deux hommes se battent pour une femme : un mort dénombré
C’est fou ce que l’amour peut pousser à faire quand il s’empare d’un être humain. Le soir du 22 décembre 2020, la visite inopinée de Médoune Ciss chez son amante a viré au drame. En entrant dans la chambre de sa copine, Augustine Faye, Médoune Ciss a constaté la présence d’une radio neuve. Il a alors demandé à sa copine l’origine de l’appareil. Une colère noire s’est alors emparée de l’homme de 30 ans. Il donne un coup de poing au miroir et casse les tasses en verre et autres matériels qui se trouvaient sur la commode.
Pour calmer son petit ami, Augustine fait appel à sa belle-sœur. En proie à une colère noire, Médoune Ciss éclate en sanglots et assure qu’il aimait trop Augustine et ne pouvait avoir en tête l’idée de la partager avec un autre homme ou de vivre sans elle.
C’est ainsi que Binta Ngom, la belle-sœur parvient à sortir de la chambre de Augustine, l’amant indésirable. Les deux femmes pensaient que tout était rentré dans l’ordre, elles sont parties se coucher. Mais Médoune Ciss va alors casser la porte de la chambre de sa copine. Il la trouve sur le lit et tente de l’étrangler.
Ansou qui avait été informé par sa copine Augustine, débarque chez cette dernière tard dans la nuit. Il arrive à temps et explique avoir demandé à Médoune Ciss s’il n’avait pas de sœur pour s’en prendre à une femme. Médoune Ciss se serait attaqué à Ansou Diouf. Ils vont se battre et vont réveiller, le grand frère de Augustine qui les mettra à la porte.
Appelé à témoigner, Serge Pascal Faye, grand-frère de Augustine explique avoir quitté la maison Médoune et Ansou.
« Il disait que si Augustine ne sort pas, il allait mettre fin à sa vie. Je lui dis est-ce que ça vaut la peine de se tuer pour une femme ? Il m’a répondu, Oui. Je lui ai alors dit de faire comme il le sentait car il était majeur et vacciné. Il a commencé à donner des coups de tête sur le banc qui se trouve devant notre maison. Je suis reparti me coucher », témoigne Serge Pascal Faye.
Vers 4H du matin, les sapeurs-pompiers informent la police de la découverte du corps sans vie de Médoune Ciss devant la maison de Augustine. Sur son corps plusieurs blessures sont notées. La victime a aussi reçu des coups d’un objet contondant au niveau du dos.
Augustine Faye et Ansou Diouf ont été arrêtés pour meurtre. Jugés devant la chambre criminelle pour meurtre et non assistance à une personne en danger, ils ont niés avoir tué Médoune Ciss. On leur reproche d’avoir laissé Médoune Ciss dans un état critique et au lieu de le secourir, ils sont partis alerter la maman du disparu. Ansou Diouf nie avoir causé des blessures à son rival.
Augustine Faye, âgée de 39 ans, restauratrice, divorcée avec deux enfants entretenait depuis deux ans une relation amoureuse avec Médoune Ciss.
Bien qu’elle avait reconnu à l’enquête entretenir une relation avec Ansou Diouf, un maçon de 46 ans, marié et père de 5 enfants, devant la barre de la chambre criminelle, Augustine est revenue sur sa déclaration. Elle nie entretenir une relation amoureuse avec son co-accusé.
Ansou Diouf lui s’est défendu en déclarant : « je ne me suis pas battu avec lui. Il m’a asséné un coup de tasse sur la tempe. J’étais étourdi et j’avais des vertiges. Je suis rentré chez moi ».
Médoune Ciss, qui durant 2 ans a entretenu une relation amoureuse avec Augustine est décrit comme un homme belliqueux de nature très jaloux.
« Quand il me voyait porter une tenue neuve, il se mettait dans tous ses états. Il a été renvoyé de son travail parce qu’au lieu d’aller bosser, il faisait le guet devant chez moi pour me surveiller », raconte Augustine.
Pour Me Mouhamadou Fadel Fall, qui représentait les intérêts de la famille de Médoune Ciss : « les faits parlent d’eux-mêmes. On essaie de dégager en touche en parlant de suicide. On veut nous faire croire qu’il s’est suicidé. Les traces de blessures n’ont rien à voir avec le suicide. Le niveau auquel Médoune aimait Augustine était très élevé. Ansou nous cache quelque chose et il le cache très mal. On veut culpabiliser le défunt en disant qu’il est jaloux. Dans cette affaire, il y a beaucoup de choses qu’on nous cache. On cherche à travestir la vérité ».
Il a réclamé des dommages de 100 millions en guise de réparation pour la famille de la victime.
Pour le Procureur : « Augustine Faye se plaignait du comportement de Médoune Ciss. Ils ont maintenu leurs déclarations sauf le fait qu’ils étaient amants. Les faits de meurtre sont établis. Il y a eu accrochage entre Médoune Ciss et Ansou Diouf. Il est le seul à s’être battu avec Médoune Ciss. Il est de mauvaise foi et il ne dit pas tout ce qui s’est passé cette nuit-là. Il maquille l’histoire en prétextant qu’il y a eu qu’un petit accrochage. Pourquoi ils n’ont pas appelé les secours et la police ? Ils sont allés chez la maman de Médoune, Augustine est complice des faits. C’est elle qui a appelé Ansou Diouf. C’est son comportement qui a abouti au meurtre de Médoune Ciss. Elle en avait marre du comportement de la victime ».
Il a requis contre Ansou Diouf la réclusion criminelle à perpétuité et contre Augustine 20 ans de réclusion criminelle.
Mais pour Mes Abdoulaye Tall et Omar Sène, Ansou Diouf et Augustine Faye sont innocents.
« Augustine est une dame qui est dans la normalité qui n’est allée chez personne. Elle considère Ansou comme un frère. Elle a demandé du secours jusqu’à alerter son voisin, Ansou Diouf. Sur quoi se baser pour dire qu’elle est complice ? Y a rien qui qualifié son implication dans cette affaire », défend Me Tall, conseil de Augustine.
Son confrère Me Sène, embouche la même trompette en défendant son client Ansou Diouf.
Il dit : « il n’y a aucune preuve contre mon client. C’est un fait qui relève du mystère. Son acquittement s’impose. Vous n’avez aucun élément pour entrer en voie de condamnation. Même s’il lui a donné un coup, c’était sans l’intention de donner la mort ».
Augustine Faye et Ansou Diouf seront fixés sur leur sort le 20 juin prochain.