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« Et si écarter Sonko de la présidentielle de 2024 n’était pas finalement l’objectif principal de Macky ? »

La flânerie de Macky Sall dans les artères de Dakar au lendemain des manifestations contre l’arraisonnement d’Osumane Sonko en route pour le tribunal pourrait avoir une signification bien plus sournoise.

Et ce, surtout si l’on tient en compte le flou artistique qui entoure ses récentes déclarations sur sa décision concernant une éventuelle candidature en 2024 (cf. son interview dans le journal Express). Un homme d’Etat qui marche sur les « cendres » d’une ville brûlée à la veille envoie un message codé : vos flammes travaillent pour moi. Macky n’est-il pas en train de traduire en acte l’axiome de Laurent Gbagbo « on gagne ou bien on gagne » ? Et si écarter Sonko de la présidentielle de 2024 n’était pas finalement l’objectif principal de Macky ?

Hannah Arendt a dit « Il ne suffit pas de dire que, dans le domaine politique, il ne faut pas confondre pouvoir et violence. Le pouvoir et la violence s’opposent par leur nature même ; lorsque l’un des deux prédomine de façon absolue, l’autre est éliminé. La violence se manifeste lorsque le pouvoir est menacé, mais si on la laisse se développer, elle provoquera finalement la disparition du pouvoir. Parler d’un pouvoir non violent est en fait une tautologie. La violence peut détruire le pouvoir, elle est parfaitement incapable de le créer ».  (Sur la violence, Calman Levy, 1972, p.157). En allumant le feu et en installant le chaos, les émeutiers installeront un climat de terreur et une peur qui nécessiteront un dialogue politique très ouvert. Et que personne ne soit étonné que ce dialogue soit sans exclusif : tous les problèmes pourraient être débattus, y compris la question de la candidature illégitime et illégale de Macky Sall. Karim Wade, Khalifa Sall, Ousmane Sonko pourraient être définitivement repêchés comme candidats, légalement, mais ils traineraient tous un boulet moral. Quel pourrait être leur discours face à Macky Sall s’ils sont tous coupables de forfaits éthiques ?

Il faut, en ce qui concerne les réalités humaines, privilégier la démarche structurale : les éléments de langage, les actes et les discours officiels s’entortillent et constituent. Ce sont des éléments d’un système de significations qui les structure en un tout cohérent. On entend de plus en plus des membres éminents de la société civile prôner ouvertement le dialogue sur les candidatures. Dialogue sur les candidatures ? L’on se rappelle également qu’en 2012 certains avaient proposé qu’on laisse Wade le temps de terminer ses projets et de se retirer. On entend également « Jamm ma gën 3e mandat ». Mais où tout cela pourrait nous mener ?

C’est d’ailleurs suspect (du moins c’est carrément une faible en termes de stratégie) que de constater que certains protagonistes essaient de mettre un rapport direct entre les ennuis judiciaires de Sonko et la question de la 3e candidature de Macky. Le bon sens politique devrait nous conseiller de les dissocier carrément et peut-être même d’envisager qu’ils soient les « avocats » occultes de Macky Sall dans ses plans politiques souvent diaboliques. En persistant dans cette stratégie du chaos on risque de donner à Macky un couteau à double tranchant, il est vrai, mais qu’il pourrait utiliser pour s’imposer en Solution pour faire face à un avenir confus ou sombre. Nous devons donc refuser un dialogue politique occulte par violence interposée. Les actes sont des mots, c’est clair et ce qui se trame pourrait accoucher d’une situation favorable à Macky Sall. Il faut se battre pour l’écarter au lieu de susciter des amalgames qui déboucheraient sur une compromission sournoise sur le dos de la démocratie. Ce qui s’est passé en 2021 avec des listes qui devraient logiquement être rejetées par le Conseil constitutionnel et qui ont été repêchées doit nous pousser à une réflexion plus circonspecte. Le principe selon lequel « la règle, c’est la participation de tous » pourrait à nouveau être évoqué ici pour valider un « bara yegoo » sur fond de violence. Pendant ce temps, des innocents seraient sacrifiés sur l’autel de l’avidité d’hommes politiques sa foi. Leurs mensonges sont les enclos des champs où ils cultivent leurs crimes divers.

Voilà pourquoi il faut impérativement faire preuve de circonspection dans la lutte contre le 3e mandat et dans ce qu’il est communément appelé résistance et qui pourrait ouvrir la porte à des compromis qui cacheraient au grand public une énorme compromission politique. Il faut qu’on comprenne que les enjeux de 2024 ne peuvent pas être l’affaire des seuls politiciens de métier. Les partis politiques ont des intérêts pas forcément bons pour la nation : ils vivent de la politique et nous manipulent à outrance. Pour conclure rappelons à Macky et au camp de Sonko cette réflexion d’Hannah Arendt : « Le pouvoir et la violence s’opposent par leur nature même ; lorsque l’un des deux prédomine de façon absolue, l’autre est éliminé. La violence se manifeste lorsque le pouvoir est menacé, mais si on la laisse se développer, elle provoquera finalement la disparition du pouvoir. Il en résulte que la non-violence ne devrait pas être considérée comme le contraire de la violence. Parler d’un pouvoir non-violent est une tautologie ». Il faut se mobiliser de façon déterminée et sans calculs politiciens contre une troisième candidature de Macky Sall, c’est la seule façon de faire de la logique des deux mandats une tradition politique durable dans ce pays. Tout le reste n’est que manœuvres politiques et gesticulations sur le dos de la démocratie.