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Manche : comment s’organisent les sauvetages de migrants en pleine mer ?

Chaque jour ou presque, les autorités françaises et britanniques tentent de secourir les embarcations de migrants qui s’aventurent dans la Manche. Comment s’organisent-elles ? La Manche a-t-elle une frontière maritime ? Les autorités anglaises peuvent-elles refouler un canot vers les eaux françaises ? InfoMigrants fait le point.

Depuis le début de l’année, les tentatives de traversées de la Manche sur des embarcations parfois très précaires se sont multipliées. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, elles ont coûté la vie à quatre migrants en 2019 et trois en 2020. Si les falaises de Douvres semblent toutes proches par beau temps depuis la côte du Calaisis, la Manche constitue une des zones les plus fréquentées au monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles. Pour l’heure, en 2020, plus de 470 tentatives de traversées ont été interceptées par les autorités françaises.Alors comment s’organisent les secours dans une zone maritime très étroite – 50 km seulement séparent Calais de la côte anglaise la plus proche ? Où se situe la frontière en mer ? Les Français s’occupent-ils seulement des sauvetages dans leurs “eaux territoriales” ? Les Anglais peuvent-ils intervenir dans les eaux françaises ? InfoMigrants a interrogé la préfecture de la Manche et de la mer du Nord. Eléments de réponses.

1- Qui porte secours dans la Manche ?

Comme toute mer, la Manche est divisée en plusieurs zones administratives : les eaux territoriales françaises et les eaux territoriales anglaises. Entre les côtes du Calaisis et Douvres, ces deux zones se touchent.

Chaque pays est souverain de son espace maritime. La France surveille et intervient donc dans sa zone et la Grande-Bretagne dans la sienne. “C’est ce qu’il se passe en théorie”, résume Marine Monjardé, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, jointe par InfoMigrants. “Maintenant, si, pour diverses raisons, la force anglaise ne peut pas mener une opération de secours, elle peut demander aux Français d’intervenir à leur place. Et donc d’entrer dans les eaux anglaises”.

Pour mener à bien les opérations de sauvetage, les deux pays ont signé un accord de coopération bilatéral appelé “Manche Plan“. Côté français, c’est à la flotte du Cross que revient la mission de secourir les personnes en détresse, et côté britannique, c’est à la Border Force basée à Douvres.

“À ce titre, les opérations SAR (“Search and rescue”, de recherche et de sauvetage, ndlr) sont conduites indifféremment par les moyens français, par les moyens britanniques, ou à l’occasion d’opérations conjointes, en fonction des zones de responsabilité des deux MRCC (Cross Gris-Nez et Douvres), et dans le respect du droit maritime international”, rappelle la préfecture.

2 – Que se passe-t-il si un canot est repéré par des pêcheurs ou un cargo ? 

Si un navire marchand ou des pêcheurs croisent la route d’un canot de migrants, ils préviennent systématiquement les autorités qui, en fonction de l’urgence et de la zone maritime, décide de qui envoyer : un navire du Cross ou de la Border Force.

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Les civils en mer (voiliers, navires commerciaux…) sont aussi dans l’obligation de secourir toute personne en détresse. Ils attendent ensuite les instructions des autorités compétentes.

3 – La flotte française peut-elle laisser une embarcation naviguer vers l’Angleterre ?

La préfecture rappelle que toutes les interventions en mer se justifient par la détresse, non par la ligne politique d’un gouvernement. “Si sur terre, la priorité est de lutter contre les traversées, en mer, la priorité est de sauver les vies humaines”, insiste Marine Monjardé.

En théorie, une embarcation de migrants est presque toujours considérée comme étant en détresse : elle est généralement malmenée par les courants, susceptible de se perdre, d’être percutée par un cargo ou de tomber en panne. Elle est aussi “souvent surchargée” et ses passagers en état d’hypothermie sévère. Dans la majorité des cas, le sauvetage se justifie. On ne laisse donc pas un canot naviguer vers les côtes anglaises.

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“Nous savons pertinemment que les migrants préféreraient être secourus par les Britanniques pour être conduits en Angleterre”, ajoute Marine Monjardé. “Mais en mer, nous ne faisons pas de politique. Nous intervenons parce que le danger de mort est imminent”.

Toutefois, certaines exceptions existent. Notamment en cas de mouvement de panique sur les canots. “Si notre approche peut mettre en péril des passagers, nous resterons alors à proximité”, ajoute la porte-parole. “En clair, nous ne voulons pas aggraver la situation. Mais nous ne repartons pas dans l’autre sens. Nous ne les escortons pas non plus. Nous surveillons la situation à distance”.

Il peut arriver aussi qu’une embarcation en détresse soit prioritaire sur une autre. “Dans ce cas, quand nous ne pouvons pas être sur tous les fronts, nous prévenons les autorités anglaises. Nous leur expliquons que nous devons agir autre part, pour un cas plus urgent. Ils se chargent alors d’intervenir”.

4 – En mer, les Anglais peuvent-ils renvoyer un canot vers la France ?

Non. Le Royaume-Uni n’a aucune autorité pour les renvoyer en France. Une fois interceptés par la Border Force, les migrants sont amenés en Angleterre. “La règle du port sûr le plus proche s’applique aussi dans la Manche”, conclut la porte-parole de la préfecture maritime. “Un canot en détresse secouru dans les eaux anglaises sera donc ramené vers les côtes anglaises”.

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