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l'actualités au Sénégal

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Ndeye Astou Thiam : « L’accueil et les primes pour les lions, c’était trop. Le pays champion d’Afrique ne peut pas se contenter d’aussi peu »

C’est les prolongations pour la tanière des footeuses. Avant de siffler définitivement la finale de cette compétition, Seneweb poursuit sa série d’entretiens de férues du ballon rond. Ndeye Astou Thiam est la dernière footeuse à entrer sur le terrain. La consultante sportive est revenue de manière générale sur son séjour au Qatar et les performances de l’équipe nationale en particulier. 

 

La coupe du monde Qatar 2022 a pris fin dimanche dernier. Quel bilan tirez-vous de cette compétition ?

J’en tire un bilan plus que positif qui vient balayer d’un revers tous les préjugés et les appréhensions que la plupart des médias notamment européens ont véhiculé avant la compétition. C’est aussi bien sur le plan organisationnel,  infrastructurel sans oublier le spectacle à couper le souffle que les équipes nous ont offerts. Qatar étant un petit pays, sa capitale Doha a été en l’espace d’un mois, le monde en miniature. En effet, la taille de la ville a permis d’avoir une certaine proximité entre supporters qui logeaient  pratiquement ensemble et se retrouvaient dans les mêmes endroits. Cette communion et cette ambiance  ont permis aux footeux de vivre une merveilleuse expérience entre échanges de maillots, d’écharpes, de contacts et découvertes de cultures différentes.

 

Cette proximité a permis également d’avoir la possibilité de regarder les trois matchs de la journée à temps avec des transports gratuits et des navettes qui desservent tous les stades. Le système de la carte Hayya, les billets de stade digitalisés ont permis d’éviter des  rassemblements inutiles qui pourraient conduire à des bousculades, bagarres. 

 

Sur le plan infrastructurel,la qualité des infrastructures avec des  stades de dernière génération, très bien équipés et un personnel formé pour assister le spectateur ont permis aux supporters de vivre l’expérience d’une coupe du monde à fond. Le Qatar a organisé l’une des meilleures Coupe du Monde, si ce  n’est  la meilleure.

 

L’aventure du Sénégal s’est justement arrêtée en huitièmes de finale de cette coupe du monde. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

 

Un goût d’inachevé car l’objectif de base était d’atteindre les quarts de finale. Avec le statut de champion d’Afrique, le Sénégal était beaucoup attendu et surveillé lors de cette compétition. La blessure de Sadio Mané qui est l’homme à tout faire dans l’équipe a un peu chamboulé les plans du coach Cissé. À cela s’ajoute la perte de deux cadres, Kouyaté et Gana Gueye en huitièmes de finale. Mais, cela ne devrait pas servir d’excuse pour la première Nation africaine. Les arguments pour faire face aux grandes nations africaines étaient là. Il y a encore beaucoup à faire et cette coupe du monde devra nous servir de leçon pour oublier un peu cette première étoile et se remettre au travail. 

 

“Reconstruire le football sénégalais depuis la base est une nécessité. Il faut mettre en place des infrastructures et un cadre idéal qui va permettre de créer une génération compétitive qui va évoluer”

 

Vous parlez tantôt de la blessure de Sadio Mané et la perte de deux cadres, Kouyaté et Gana Gueye en huitièmes de finale qui ont pesé sur cette compétition. En dépit de cela, qu’est-ce qui a manqué à l’équipe nationale pour plus briller ? 

 

Avec de l’envie et du travail tout est possible. Je peux prendre aisément l’exemple du Maroc. Je ne parlerai pas d’un exploit pour le royaume chérifien mais c’est plutôt le fruit d’un long processus avec la mise en place d’infrastructures modernes et bien équipées, une organisation interne professionnelle qui favorise un environnement propice à la performance. Pour le cas du Sénégal, il nous a manqué des joueurs, d’expérience, des joueurs qui imposent, des joueurs avec un certain leadership et une hargne, qui transmettent à l’équipe une certaine sérénité sur la pelouse  quand tout va mal. Il  nous a manqué Sadio Mané. Sur un plan plus large, reconstruire le football sénégalais depuis la base est une nécessité. Il faut mettre en place des infrastructures et un cadre idéal qui va permettre de créer une génération compétitive qui va évoluer ensemble depuis les petites classes jusqu’à atteindre l’équipe nationale A. 

 

“Sortir d’une poule qui était considérée comme la moins relevée de la compétition et être éliminé en étant malmené contre l’Angleterre ne devrait pas être un exploit qui mérite d’être célébré” 

 

Malgré le fait que l’aventure s’est arrêtée en huitièmes de finale, les lions de la Teranga ont été accueillis en grande pompe par le chef de l’Etat. Comment jugez-vous cet accueil ?

 

Un accueil et des primes de trop selon moi. Le pays champion d’Afrique ne peut pas se contenter d’aussi peu. Car sortir d’une poule qui était considérée comme la moins relevée de la compétition et être éliminé en étant malmené contre l’Angleterre ne devrait pas être un exploit qui mérite d’être célébré. Il faut se battre et atteindre ses objectifs pour avoir droit à un tel accueil.

 

Cette fin d’aventure au Qatar a aussi  relancé la question de la place d’Aliou Cissé à la tête de l’équipe nationale. Quelle analyse faites-vous de cela ?

 

La place d’un coach est toujours remise en question après une compétition surtout quand les objectifs de départ ne sont pas atteints. Le débat sur son style de jeu et ses compétences/expériences peut varier  selon les sensibilités de chacun. Mais, le bilan comptable de Cissé depuis qu’il a récupéré l’équipe nationale parle pour lui. Il a emmené une certaine stabilité et a su bâtir cette équipe qui a fini par devenir championne d’Afrique. Nous allons vers de prochaines échéances dès 2023 et il y a la CAN 2024 à l’horizon donc peu importe le choix qui se fera, il va falloir s’y prendre tôt.