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l'actualités au Sénégal

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Ousmane Sonko est-il vraiment antisystème ? (Louis Henry)

“Ousmane Sonko est arrivé tel un héros dans l’arène politique sénégalaise, devenant le chouchou d’une partie de la population en quête d’un personnage capable d’incarner la « nouvelle ère ».

 

Quasiment intouchable sur la toile où ses partisans sont prêts à attaquer toute personne s’aventurant à le critiquer, le Boss de Pastef ne cesse de se tirer des balles dans le pied en multipliant les contrepieds et les paradoxalités entre son discours initial et ses actions. A l’heure d’aujourd’hui, le visage de « l’anti système » n’est plus qu’une pâle copie de ce qu’il fut autrefois. L’incarnation supposée de l’anti système est devenue la continuité du système.

Dans la vie, les vérités ne sont pas faites pour être maquillées en fonction des êtres concernés. Lorsque des actes font qu’une personne est jugée comme étant « mauvaise », rien ne justifie qu’une autre soit épargnée voire élevée au rang de messie alors qu’elle fait la même chose. Un exemple d’une extrême banalité, pour camper le décor et pousser les plus aveuglés à réfléchir avec la tête et non le cœur. Voir la réalité en face plutôt que de chercher des explications inexistantes.

 

Nous nous souvenons tous de ce jour où, en direct, Mister Sonko a oublié pendant une trentaine de secondes le nom de sa société. Par la suite, de nombreuses révélations ont été faites au sujet d’Atlas et Mercalex. Une histoire qui rappelle, à ceux qui préfèrent l’ignorer ou n’en savent pas grand chose, que le troisième de la dernière présidentielle n’est pas aussi blanc qu’il veut bien le faire croire. Bien au contraire. En créant la société qu’il a avoué être la sienne, le sieur Sonko est allé à l’encontre des textes qui régissent l’administration sénégalaise. Preuve qu’il n’est pas véritablement l’homme irréprochable qu’il prétend être. Inconsciemment – ou non – Ousmane Sonko n’est fondamentalement pas mieux que ceux à qui il jette la pierre. Mais encore une fois, il peut compter sur ses partisans qui jouent la carte de la diabolisation pour l’extirper de toute histoire allant à l’encontre des intérêts du personnage qu’il s’est créé.

 

Des convictions bafouées lorsque les intérêts personnels sont en jeu

A la veille de l’élection présidentielle de 2019, Ousmane Sonko, dans sa quête du pouvoir, avait décidé de faire les yeux doux à des personnalités qui ont joué un rôle majeur dans la longévité dudit système qu’il a toujours déclaré vouloir combattre. Un acte paradoxal qui n’aura finalement été que le premier d’une longue série qui, comme toujours, est passée entre les mailles du filet grâce à la virulence de ses partisans.

S’il a multiplié les actions prenant une direction autre que celle de ses nombreux discours durant la campagne électorale, le natif de la Casamance est arrivé au « sommet de son art » le soir des élections en tenant les propos qui ont été les siens aux côtés d’Idrissa Seck (également membre du système) à qui il s’est joint en se laissant guider par sa soif de pouvoir.

Disparaître lorsque les populations ont besoin de soutien et réapparaître pour les enjeux politiques

La pandémie du Coronavirus, lorsqu’elle était à son zénith sur nos terres, a été le moment choisi par Ousmane Sonko pour disparaître des radars alors que le peuple avait véritablement besoin d’une voix pour les apaiser et les aider à surmonter l’épreuve. En dehors d’une sortie médiatique effectuée sur la corniche – sans masque et sans respect des gestes barrières (bel exemple!) – l’opposant est resté relativement muet jusqu’au jour où le statut de chef de l’opposition s’est rapproché de son « allié » d’hier qui n’est autre qu’Idrissa Seck. A partir de cet instant, Sonko a retrouvé l’usage de la parole en multipliant les sorties. Remarque, il ne semblait pourtant pas autant en forme lors des semaines précédentes. A croire que ce dernier se préoccupe désormais plus de sa place dans l’échiquier politique que du devenir de nos compatriotes. Même si, forcément, son rôle de « dénonciateur » continue de lui tenir à cœur puisqu’il lui permet d’endosser le costume de sauveur du peuple. Il donne l’opportunité de gagner la sympathie de tous ceux qui ont des reproches à faire au Gouvernement.

Avouer avoir menti à tout un peuple pour ensuite dire qu’il s’agissait d’un piège

Récemment, une histoire de bande audio impliquant Ousmane Sonko avait fait sensation sur la toile. Alors qu’il avait traité Mansour Faye de tous les noms après qu’il ait révélé qu’il avait tenté de rencontrer le Président Macky Sall, ce dernier avait effectué un rétropédalage pour soutenir qu’il avait volontairement dissimulé la vérité. Ce, après la publication d’un audio dans lequel on peut l’entendre parler, d’une voix hébétée, de la fameuse demande d’audience. Pour une personne qui dit combattre une certaine manière de gouverner et prônant la sincérité envers le peuple, voilà des actes qui poussent à la réflexion sur la véritable nature de l’individu qui les posent.

Des alliances à la pelle avec ceux qu’il attaquait hier

Il s’agit sans aucun doute d’une des parties les plus marquantes de ce constat amer que nous sommes en train de faire : Ousmane Sonko a la mémoire sélective et oublie tout ce qu’il reprochait à ceux qui ne sont plus dans la mouvance présidentielle et qui – pour la plupart – ont accepté de gonfler ses rangs.
En effet, la récente pose qu’il a prise aux côtés de Me Moussa Diop et Barthélémy Dias en dit assez pour que des mots viennent s’ajouter aux mille mots qui en ressortent. A elle seule, la photo résume parfaitement Le personnage qui est prêt à cheminer avec tout membre de ce système qu’il dit combattre dès lors où ses intérêts en dépendent. Pourtant, il y a un vieux proverbe Wolof qui dit que « mounoo bëgë guinar bégn ay nénam » (tu ne peux pas aimer la poule et détester les œufs qu’elle pond).

Un discours en déphasage avec la démarche

Comme Emmanuel Macron en France, Ousmane Sonko n’est pas devenu ce qu’il est grâce à ses compétences ou à la pertinence de ses propos. Il a su s’ériger au moment où de nombreux compatriotes ont manifesté leur ras-le-bol du système et il a réussi à surfer à merveille sur la vague. Malheureusement pour lui, il a multiplié les contradictions et le temps fait qu’il est de plus en plus en déphasage avec le discours qui a toujours été le sien, au-delà de la multitude de révélations de taille qu’il a eu à faire sans que cela n’aboutisse jamais à des résultats concrets et palpables.

Au Sénégal, nous avons l’habitude de nous accrocher à des choix s’apparentant à de la désespérance, pour ensuite regretter nos choix et verser dans des discours du type : « ce n’est pas ce qu’il nous avait dit ».
Cette fois, faisons en sorte d’écouter attentivement les discours qui nous sont présentés et évitons d’accorder trop de crédit à des individus qui pourraient en profiter pour nous infliger une nouvelle désillusion dont nous ne nous relèverons certainement jamais.

Louis Henry